LA CONFIANCE DES CONSOMMATEURS DANS LES NOUVEAUX SERVICES ÉNERGÉTIQUES
Intégrer les nouveaux services énergétiques aux modes de vie des consommateurs pour réussir la transition écologique.
Lors de la saison 3 du Comité de prospective, le groupe de travail sur l’« Aval compteur » avait dressé le constat que le levier tarifaire n’était pas à lui seul suffisant pour développer de nouvelles offres de flexibilité auprès des consommateurs résidentiels.
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Le groupe de travail de cette 4ème saison s’est donc attelé à la question de la confiance des consommateurs, afin d’identifier des leviers non économiques de développement de nouveaux services énergétiques auprès de ces mêmes consommateurs. Il est co-présidé par Céline JULLIEN, Économiste et spécialiste de l’engagement citoyen, et Philippe MONLOUBOU, ancien Président du Directoire d’Enedis.
Cette thématique de travail est entrée en grande résonnance avec l’actualité du secteur énergétique tout au long de la rédaction du rapport. Pour le groupe de travail, la crise que traverse le secteur est une opportunité inédite pour susciter l’adhésion des consommateurs aux objectifs de transition énergétique :
- d’une part, elle renforce l’urgence du développement des nouveaux services énergétiques, permettant aux consommateurs de mieux maîtriserleurs consommations dans le sens de davantage de sobriété et de la flexibilité ;
- d’autre part, elle représente aussi un véritable défi puisqu’elle vient ébranler une confiance basée sur plusieurs années de stabilité des prix et de sécurité d’approvisionnement garantie.
Face à l’urgence de la réponse au changement climatique, l’adhésion des consommateurs est clé pour activer deux leviers de sobriété : la réduction des consommations énergétiques et la modulation de la consommation électrique pour limiter les pics et favoriser l’électricité décarbonée. Aujourd’hui, de nouveaux services énergétiques, dans le résidentiel comme pour la mobilité, peuvent contribuer à l’atteinte de ces objectifs, en offrant par exemple des services d’efficacité énergétique ou de flexibilités. Mais ces nouveaux services peinent à se généraliser auprès des consommateurs résidentiels, malgré la diversité des offres.
Si le groupe de travail a décidé d’investiguer le levier de la confiance pour développer ces nouveaux services, c’est parce que cette confiance est le préalable indispensable à leur appropriation par les consommateurs. Le groupe de travail estime que les nouveaux services pourraient être de véritables vecteurs de confiance dans l’avenir du système énergétique s’ils sont pleinement intégrés aux différents moments de vie des consommateurs. Le groupe de travail a choisi d’analyser trois « modes de vie » sur lesquels pourraient se concentrer les efforts de développement des nouveaux services énergétiques : le domestique, l’habitat et la mobilité propre.
Plus globalement, le développement de ces nouveaux services nécessite la mise à disposition de données de consommation et de production. Si la transmission des données personnelles est une question sensible, la mise à disposition accrue des données de consommations énergétiques pourrait permettre aux consommateurs de mieux s’approprier leurs consommations et donc de contribuer plus activement à la transition, en consommant moins et au bon moment pour le système énergétique. Le groupe de travail préconise d’entreprendre une réflexion poussée à ce sujet en s’inspirant de ce qui a été fait récemment concernant la mise à disposition des données de santé, avec le déploiement rapide et coconstruit de « Mon espace santé » malgré une multiplicité d’acteurs et une grande sensibilité des données transmises.
1. En premier lieu, le groupe de travail dresse le constat de spécificités propres au domaine de l’énergie en ce qui concerne la confiance.
Le rapport revient sur plusieurs tendances passées ou présentes dans le secteur de l’énergie qui dessinent un paysage en mutation, de l’ouverture des marchés de l’énergie à la transition énergétique qui implique une modification de la structure des consommations. Des facteurs sociologiques et historiques, résultant aujourd’hui en une multiplicité de profils d’usagers, expliquent également pourquoi l’interaction entre production et consommation peine à émerger. Aujourd’hui, le développement des nouveaux services énergétiques ne contredit pas cette tendance : le rapport constate que malgré la multiplicité des offres, les services ne sont que peu développés chez les consommateurs résidentiels, car ils peuvent manquer de lisibilité.
2. En deuxième lieu, le rapport identifie quatre leviers prioritaires pour inspirer la confiance dans les nouveaux services énergétiques, élément clé de la sobriété sur le long terme.
Les membres du groupe de travail ont choisi d’analyser trois « modes de vie » sur lesquels pourraient se concentrer les efforts de développement des nouveaux services énergétiques. D’abord, le domestique, car les consommateurs devraient pouvoir rapidement s’approprier leur consommation énergétique pour la piloter en toute confiance, en souscrivant des services de flexibilité et de report de consommation. Ensuite, des efforts sont nécessaires pour améliorer la performance énergétique du bâti et accompagner les consommateurs dans cette démarche, qui demeure aujourd’hui complexe et coûteuse. Enfin, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer pour favoriser l’essor des « mobilités propres ». En sus du développement des services associés à ces trois « modes de vie », le rapport préconise de renforcer l’implication de l’échelon local, gage de confiance, dans la démarche de sobriété et de transition énergétique.
3. En troisième lieu, le rapport préconise d’engager une réflexion sur la mise à disposition des données de consommations énergétiques.
Selon le groupe de travail, un « Conseil du numérique en énergie » pourrait être chargé de mener une réflexion concertée à ce sujet, associant tous les acteurs, y compris les consommateurs, à l’image du processus co-construit associant les usagers dans le domaine de la santé, avant le déploiement de « Mon Espace Santé », plateforme unique et personnelle d’accès aux données de santé. L’objectif dans le domaine de l’énergie serait de parvenir à un équilibre efficient entre mise à disposition de données pour développer de nouveaux services, respect de la vie privée, transparence et réponse aux besoins des consommateurs.
Les 8 propositions du rapport :
✅ Proposition n° 1 : Créer les conditions de l’appropriation par tous de leur relation à l’énergie en renforçant le suivi des consommations énergétiques (affichage déporté, données à pas demi-horaire, etc.).
✅ Proposition n° 2 : Créer les conditions de l’émergence d’offres de flexibilité en faisant évoluer la réglementation pour permettre l’engagement du consommateur dans la durée, en cas d’offre combinée alliant fourniture d’énergie et services de maîtrise, pilotage ou d’économies d’énergie.
✅ Proposition n° 3 : Faciliter l’appropriation par l’ensemble des Français des services énergétiques et plus largement des enjeux énergétiques en renforçant les dispositifs d’accès à l’information par guichet unique et en pérennisant les opérations actives de maîtrise des consommations, avec une communication ad hoc.
✅ Proposition n° 4 : Compte tenu des échecs successifs en matière de rénovation énergétique, réaliser un travail performant et rapide pour la rendre accessible, lisible, financièrement intéressante et effective.
✅ Proposition n° 5 : Inciter les acteurs de la filière à rendre efficaces l’ensemble des processus associés à l’achat d’un véhicule électrique pour lever les incertitudes susceptibles de freiner leur développement.
✅ Proposition n° 6 : Renforcer le rôle des collectivités en tant que relais de confiance pour les consommateurs dans une logique de proximité, facteur d’accélération de leur capacité à adopter des comportements vertueux.
✅ Proposition n° 7 : Mettre en place rapidement, sur le modèle de ce qui a été fait dans le domaine de la santé, un « Conseil du numérique en énergie », chargé de rassembler tous les acteurs autour d’une démarche active et rapide de transition numérique en énergie.
✅ Proposition n° 8 : Engager rapidement une réflexion sur la mise à disposition des données de consommations énergétiques, associant toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs, sous l’égide d’un Conseil du numérique en énergie.