Le régulateur allemand pour l’électricité, le gaz, le ferroviaire et les télécommunication (BNetzA) vient d’annoncer que les coûts de gestion des engorgements du réseau électrique allemand s’élevaient pour l’année 2017 à 1,4 milliards d’euros. Le coût était en 2016 de 800 millions. L’augmentation est due notamment à une production éolienne plus importante, l’année 2017 ayant bénéficié de vents plus favorables !
C’est en tout cas 5500 GWh de production d’énergie renouvelable auquel le système allemand a dû renoncer.
Le phénomène commence à être bien connu, notamment en Allemagne. Le développement massif des énergies renouvelables contraint les gestionnaires de réseaux à développer des solutions innovantes et ambitieuses pour résoudre le décalage temporel et géographique entre production et consommation. La Chine expérimente en ce moment, à l’échelle d’un territoire continent, la disjonction géographique entre la production renouvelable la plus ambitieuse du monde à l’ouest et une consommation à l’est. Elle développe notamment des lignes à haute tension qui devraient s’avérer les plus performantes du monde.
La fiabilité des réseaux est une donnée fondamentale de la performance et de la soutenabilité d’un système électrique. Vecteurs de solidarité géographique et sociale, les réseaux électriques garantissent la bonne fourniture d’énergie de manière uniforme et égale, à Dunkerque comme à Nice. L’Union européenne a repris cette exigence de solidarité en garantissant la fourniture de la production grâce à des interconnexions efficaces sur son territoire. La fiabilité des réseaux garantit au système une gestion optimale en permettant aux installations de production les plus efficaces d’être appelées au moment opportun. D’où les coûts très importants d’un système de réseaux dont le développement sous-optimal ne permet pas le bon alignement sur la production.
L’Allemagne occupe dans l’Europe de l’énergie une position centrale. La situation récurrente de congestion ou d’engorgement en Allemagne cause des flux de bouclage qui perturbent les réseaux voisins, en Pologne, Autriche, Belgique et France notamment.
Bien entendu, les obstacles aux investissements dans des réseaux modernes sont connus. Les résistances sociales à la construction d’infrastructures, qu’elles soient éoliennes ou de transport à haute tension, sont très fortes dans tous les pays. Pour réussir la transition énergétique, il faudra surmonter l’exercice délicat de conciliation entre intérêt collectif à l’infrastructure et intérêt privé à pouvoir en bénéficier, mais pas devant chez soi. C’est une déclinaison de l’articulation, bien connue depuis les Lumières, entre volonté générale et individualisme.