Les Pays-Bas ont annoncé cette semaine la fermeture définitive de leurs centrales au charbon dans la prochaine décennie. Deux centrales construites dans la décennie 1990 fermeront en 2024, trois autres, récentes (construites entre 2015 et 2016) fermeront en 2029, au nom des impératifs politiques de lutte pour un changement climatique.
L’annonce est intéressante en ce qu’elle met en lumière une articulation fine entre une volonté populaire (l’action pour l’environnement), un engagement institutionnel (l’engagement des autorités politiques néerlandaises en lien avec les actions climatiques européennes et mondiales) et la nécessaire adaptation des entreprises privées et investisseurs. Les entreprises qui exploitent les centrales récentes destinées à la fermeture ont fait état de discussions à venir sur l’accord financier à trouver. On a aussi le droit de considérer que mettre en service des centrales au charbon en 2015 et 2016 en Europe de l’Ouest constitue, au-delà de toute considération morale ou éthique, une erreur stratégique majeure dont ces entreprises devront payer le prix.
De son côté, la Chancelière allemande Angela Merkel a récemment confié à une commission ad hoc le soin d’organiser la sortie définitive du charbon : si les pouvoirs publics sont représentés, ils doivent travailler avec des entreprises et acteurs économiques, collectivités locales, syndicats, associations, organisations non gouvernementales.
Cette commission se distingue particulièrement par la mission qui lui est officiellement et précisément confiée de trouver la solution sociale à l’impératif environnemental qui, s’il demeure prioritaire, surplombant, ne doit pas être atteint à tout prix social. 20 000 travailleurs, en Allemagne, extraient les minerais charbonneux pour produire de l’électricité. Les régions orientales de l’Allemagne n’ont, bien entendu, pas besoin de nouveau drames sociaux générateurs de chômage. C’est cette tension entre industries existantes et avenirs souhaitables qu’il convient de rendre créatrice, bénéfique. L’opposition, sous forme de surenchère rhétorique et conceptuelle, entre les causes politiques, a toujours risqué de conduire à des mouvements historiques délétères par la mise en concurrence des engagements : environnementalistes contre industrialistes, partisans des énergies vertes contre les défenseurs des consommateurs, etc… L’actualité montre que l’on doit dépasser ces clivages. La révolution énergétique doit trouver la voie d’une convergence entre les impératifs les plus urgents de politique publique pour que la vie de la planète et celle de chaque être humain s’identifient à la même lutte.