On estime à 1,1 milliard le nombre de personnes sur la planète qui ne disposent d’aucun accès à l’électricité. Ces populations vivent essentiellement en Afrique et en Asie, en milieu rural, notamment en République démocratique du Congo, en Ethiopie, au Nigéria, au Pakistan, au Bangladesh, en Inde.
Elles peuvent utiliser le kérosène et le diesel pour leurs usages agricoles, mais ne sont raccordées à aucun réseau électrique. On sait que la Chine et l’Inde ont fini récemment d’électrifier leurs territoires, au prix d’efforts colossaux pour construire des réseaux de transport et de distribution permettant d’alimenter les zones les plus reculées.
Il n’est en effet souvent pas rentable d’alimenter par un réseau électrique universel l’ensemble des populations, particulièrement dans les zones éloignées et lorsque le niveau de vie des habitants est faible. Pour cette raison, l’objectif de développement durable des Nations Unies d’une alimentation électrique universelle en 2030 (SDG 7) semblait inaccessible il y a encore peu de temps. Au rythme actuel de développement des réseaux, 700 millions de personnes seront encore sans électricité en 2030.
Les progrès incroyables du photovoltaïque et du stockage par batteries sont en train de changer la donne. Des petits réseaux (ou microgrids) utilisant massivement des énergies renouvelables et des batteries permettront de répondre aux besoins, qu’il s’agisse d’habitations, de quartiers ou de villages, ou d’autres applications telles que le pompage de l’eau, l’irrigation, l’alimentation de tours de réseaux de téléphonie mobile, etc. Ces microgrids, ouverts à l’activité d’entreprises mobiles et souples, seraient complémentaires avec les réseaux interconnectés des utilities classiques, qui conservent leur pertinence pour l’électrification dans certains cas.
Ainsi, après les progrès massifs réalisés ces dernières décennies à l’échelle mondiale pour la mortalité infantile, la réduction de la très grande pauvreté ou d’autres indicateurs de développement humain (voir le site https://ourworldindata.org/), nous pouvons espérer qu’à l’horizon 2030 la totalité ou la quasi-totalité des habitants de la planète aura accès à l’électricité.
Par un étonnant retour des choses, ces microgrids, qui constituent une réponse spécifique à l’enjeu de l’électrification de milliers de villages et territoires, et dont le développement et le bien-être de ce milliard d’habitants dépendent, pourraient venir un jour questionner l’articulation entre réseau local et solidarité nationale dans nos pays déjà électrifiés.