<   Retour

Le billet du lundi : Energie solaire : guerre commerciale ou commerce international ?

L’avenir des énergies renouvelables dépend de la compétitivité, largement attendue à court terme, des industries solaires et éoliennes, ce dont les travaux prospectifs énergétiques contemporains rendent souvent compte.

Les capacités installées de l’énergie solaire ont été augmentées dans le monde de 46% entre 2016 et 2017. Les opinions publiques manifestent un intérêt croissant pour ce type de produits, dont l’expansion est alignée avec les objectifs internationaux de production d’énergies d’avenir.

L’Union européenne imposait un prix plancher de 0,56 euro par watt de puissance produite aux produits chinois importés. Non pas considérées comme des entraves à la concurrence ou une manière de privilégier les entreprises communautaires, ces mesures étaient présentées comme relevant d’un objectif louable et loyal « anti dumping ». Elles se sont avérées contre productives puisqu’elles ont renchéri les produits nécessaires à la constitution d’une industrie photovoltaïque sur le sol européen.

La Commission européenne vient d’annoncer la suppression de ces mesures décidées en 2013. « Modèle de résolution de tensions commerciales par la concertation » selon le gouvernement chinois, la mesure européenne contraste avec l’actuelle méthode américaine de lutte contre les positions dominantes industrielles étrangères marquée par la hausse unilatérale des taxes à l’import. L’administration du Président Donald Trump a en effet décidé d’imposer en 2018 une augmentation des droits de douane sur l’importation de panneaux solaires chinois pour quatre ans, ouvrant de manière spectaculaire un nouveau chapitre dans l’histoire économique contemporaine incarnée par la politique de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le respect des Etats à ses règles. Les économistes du monde entier évaluent en ce moment ces mesures, notamment leurs effets sur les emplois créés dans le secteur sur le territoire américain.

L’histoire économique récente est pleine de ces débats vigoureux, quelquefois douloureux, entre respect des principes d’un commerce internationale fondé sur des valeurs d’équité, de liberté et de bonne entente et l’impératif politique de défense d’une industrie nationale.

La Chine s’affiche comme la nation du renouvelable même si, début juin, elle avait surpris les acteurs de l’énergie en annonçant des mesures destinées à freiner le développement incontrôlé de la production photovoltaïque. Elle sera en effet plafonnée en 2018. Les soutiens à l’autoconsommation passeront, dans leur gestion concrète, aux gouvernements locaux, ce qui mettra fin au système actuel de subvention générale. La Chine a confiance dans la vitalité autonome de son marché solaire. Responsable en 2017 de 40% de la croissance mondiale des énergies renouvelables, accueillant 60% de le production annuelle d’énergie solaire, son empire industriel sur l’énergie solaire semble en tout cas confortée. L’Agence internationale pour l’énergie avance même que la Chine pourrait représenter la moitié de la demande mondiale de panneaux photovoltaïques. Le marché européen demeure décisif pour l’industrie chinoise : sans doute 7 gigawatts sur les 30 gigawatts de capacités excédentaires chinoises dans la fabrication de panneaux solaires.

Le secteur réagit aux mesures européennes avec contraste. Si les importateurs européens de panneaux photovoltaïques se sont félicités d’un « tournant décisif », les producteurs de panneaux, par la voix d’EU ProSun, ont critiqué ce qu’ils craignent de voir évoluer comme une arme accordée à la Chine.

Que retenir de cette actualité ? Sans doute que les grandes idées globales sur la manière de favoriser une industrie nationale ou le commerce international, déclinées dans les discours économiques mondiaux sous la forme de grandes oppositions (protectionnisme contre libéralisme) pourraient évoluer vers des débats économiques sur des mesures précises, en matière temporelle comme en matière de degré, pour atteindre des objectifs affichés. L’avenir de nos industries solaires européennes, par rapport à la puissance de production chinoise, n’est pas clair. Il faudra sans doute inventer de nouveaux instruments afin de favoriser, aujourd’hui comme demain, la santé d’un de nos secteurs économiques les plus décisifs pour notre avenir.