La société Naval Group a annoncé le 25 juillet 2018 qu’elle arrêtait ses investissements dans la technologie des hydroliennes. L’usine tout juste construite à Cherbourg ne sera donc pas mise en service et Naval Group cherche une autre activité pour ce site. Cette annonce a d’abord étonné, puis suscité des commentaires défavorables et des protestations, notamment de la part des élus locaux concernés. Comment analyser ce choix stratégique ?
L’énergie hydrolienne consiste à utiliser l’énergie des courants de marée pour produire de l’électricité, grâce à des alternateurs immergés. Elle présente de nombreux avantages : l’énergie des marées est propre et inépuisable, elle ne génère pas de nuisance visuelle, sa production est prévisible (même si on ne peut pas la programmer) et la France dispose d’un excellent potentiel.
Alors pourquoi cette décision de Naval Group qui a été critiquée, certains allant jusqu’à dire que la France baissait les bras dans la lutte contre le changement climatique ?
Tout simplement parce que cette technologie coûte cher. Pour développer les énergies renouvelables, il est tout à fait acceptable de subventionner des technologies nouvelles coûteuses, lorsqu’il existe des perspectives de baisse des coûts. La décision récente de lancer les 6 premiers projets d’éoliennes offshore malgré leur coût élevé se justifie ainsi par le lancement d’une filière industrielle et l’objectif d’obtenir in fine des prix compétitifs (plusieurs projets ont été attribués récemment en Europe sans subvention). De telles baisses de coût sont incertaines dans le cas des hydroliennes.
L’argent public n’est pas illimité, et il doit servir bien des besoins : diminution de notre empreinte écologique, lutte contre la pauvreté, éducation, recherche, santé, défense, sécurité, justice, etc. Il est donc de notre responsabilité collective de le dépenser de manière rationnelle, en choisissant au mieux les moyens de lutte contre le changement climatique.
Tout euro mal dépensé n’est pas disponible pour des mesures plus efficaces et se traduit in fine par plus d’émissions de CO2 pour la planète.