Une gronde venant de certains consommateurs qui contestent un prix des carburants trop élevé, des pétroliers qui précisent que 60 % du prix à la pompe est lié aux taxes et un gouvernement qui adopte une volonté politique de transition énergétique pour sortir du tout pétrole. Voilà une équation sans inconnue qui semble insoluble.
La difficulté vient du fait d’avoir un consommateur qui défend un intérêt personnel de court terme face à un gouvernement qui défend une politique de long terme mais dont les effets s’observent à court terme. Entre le marteau et l’enclume se situent des entreprises pétrolières qui manquent de visibilité pour orienter leurs investissements et qui tentent de se diversifier tant bien que mal pour gérer leur risque.
Il semble donc manquer à notre équation une variable temporelle d’accompagnement de cette politique énergétique. C’est cette variable temporelle qui réaliserait le lien entre le court terme et le long terme et qui permettrait à la fois de préparer les conditions d’un succès futur tout en s’assurant que les effets à court terme soient lissés dans le temps.
Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! En cela, il est important de préparer le terrain des solutions innovantes et alternatives au pétrole par un financement et des aides de l’État, par des appels à projet par exemple, afin, d’une part, de sortir les nouvelles filières renouvelables du syndrome de la poule et de l’œuf et, d’autre part, de proposer aux consommateur des alternatives à coût équivalent pour ne pas que ces derniers se sentent pris au piège. Une fois les filières renouvelables installées et les alternatives viables, il sera temps d’interdire et de pénaliser les pollueurs en augmentant les taxes (sur le pétrole, et notamment la taxe carbone) et en durcissant les normes environnementales.
En d’autres termes, mieux vaut développer le futur plutôt que d’interdire le présent, les fautifs d’aujourd’hui se retrouveront face à l’évidence de notre modèle durable de demain.