Le véhicule électrique dans un pays comme la France avec un mix de production électrique composé à 75 % de nucléaire est indéniablement un excellent moyen de décarboner le secteur des transports individuels.
Une analyse de mai 2017 publiée dans les annales du Collège International pour la Recherche en Productique (CIRP) fait apparaître que le processus de fabrication d’une batterie de 24 kWh (batterie considérée aujourd’hui comme moyenne pour les véhicules légers électriques) nécessiterait au total 88,9 GJ (giga-joules) d’énergie primaire pour sa fabrication, dont 29,9 GJ pour l’énergie embarquée dans les matières premières la constituant, 58,7 GJ d’énergie consommée pour la production des cellules et 0,3 GJ pour l’assemblage manuel de la batterie. Cela correspond peu ou prou, d’après l’analyse publiée en 2016 par l’ADEME sur les potentiels du véhicule électrique , au niveau de consommation d’énergie primaire de la fabrication des composants et de l’assemblage d’un véhicule thermique.
Cela vient alimenter les comparatifs de l’impact environnemental entre la fabrication des véhicules électriques et la fabrication des véhicules thermiques, chacun ayant ses fervents supporters. La voiture électrique serait alors plus polluante ? La question est pertinente et sa réponse n’est pas triviale puisqu’elle nécessite d’analyser la source d’énergie primaire utilisée sur chaque maillon de la fabrication. Il faut notamment regarder si le mix énergétique utilisé pour la fabrication fait appel à des technologies peu émettrices de CO2 ou de GES. Par ailleurs, il apparaît dans l’étude de l’ADEME que la consommation d’énergie primaire de la production d’électricité pendant toute la durée de vie du véhicule électrique est inférieure à celle de la production du carburant. Alors, la voiture électrique est-elle plus polluante ou moins polluante qu’un véhicule thermique ?

En réalité la complexité de la chaîne de valeur des véhicules comporte tellement d’externalités qu’une analyse simple ne permet pas de répondre à la question. Pire, une analyse, aussi approfondie soit-elle, sur un seul maillon de la chaîne peut mener celui qui la réalise en toute bonne foi à des conclusions hâtives et des raccourcis trompeurs.
Aussi il apparaît essentiel que tout travail prospectif supposé éclairer l’avenir s’appuie sur des analyses globales et sur la base de cycles de vie qui permettent d’intégrer toutes les externalités (ressources, fabrications, utilisation, démantèlement, recyclage, etc.) à la mesure de nos décisions.
La financiarisation et la fiscalisation des impacts environnementaux sont hétérogènes à travers le monde et restent encore aujourd’hui un sujet sensible source de cristallisation et d’incompréhension autant dans les pays développés qu’en voie de développement. Par conséquent une décision d’investissement ne peut pas s’effectuer sur la seule mesure financière si l’on souhaite intégrer le coût environnemental.
Il revient donc à chacun et notamment aux entreprises et organismes publics de mesurer ces externalités de façon globale sur l’intégralité de la chaîne de création de valeur, de sensibiliser sur l’aspect durable de nos actes et d’accompagner in fine vers les choix légitimes respectueux de notre planète.
Source ADEME
https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/avisademe-vehicule-electrique.pdf